lundi 25 août 2008

Blade Runner




La Terre, cette pauvre planète bleue, a fini par devenir un endroit où il ne fait plus bon vivre après la Guerre nucléaire (thème récurrent chez bon nombre d'auteurs SF) . La faune et la flore a fini par presque s'éteindre, seuls quelques spécimens subsistent au point que le fait de posséder un animal est devenu non seulement un signe de richesse mais aussi synonyme de bien être spirituel un moyen d'atteindre la fusion parfaite avec Mercer
Ainsi l'humanité s'apprête à changer de logis et pour ce faire, des androïdes sont offerts à toute personne désirant émigrer vers Mars pour faciliter la colonisation et assurer un certain confort (impression de déjà vu? Assimov et son Aurora? Mensonges & Cie de Philip K.Dick?)
Cependant ces robots humanoïdes se voient être interdits de séjour sur la planète mère car ils ne seraient plus si inoffensifs qu'ils n'y paraissaient et pour cause un mouvement de soulèvement sanglant fini par éclater sur la colonie. Ils sont désormais traqués sur Terre par des chasseurs de prime appelés Blade Runner chargés de leur "réforme"
C'est dans cette atmosphère là, que Rick Deckard, ancien flic reconverti en Blade Runner se voit confié la mission de mettre hors circuit 5 androîdes qui se sont introduits clandestinement sur Terre, Des Nexus 6 de la même génération que la machine fugitive qui peu de temps avant venait d'abbattre son mentor-collègue

Le seul moyen de différencier ces "réplicants" d'un être humain est un test basé sur l'empathie Voight-Kampff. Ce test consiste à poser une batterie de questions soigneusement établie à l'avance et de capter les réactions du sujet étudié. La réponse verbale n'ayant que très peu d'intérêt seuls les effets physiques pondèrent les résultats au final. En effet, les Nexus 6 de la firme Terryl sont dotés d'une intelligence supérieures à celle des humains ce qui leur permet de simuler un verbiage humain mais ne peuvent cependant pas contrôler leurs pupilles (qui disait que l'œil était le miroir de l'âme?)

Dans "Do androids dream of electric sheep" Dick fait mumuse avec l’empathie. Cette qualité que nous avons, (peut être pas tous), et qui permet de différencier un homme d'une vulgaire machine. La technologie pourra d’ici quelques décennies, quelques centaines d’années peut-être, nous permettre de copier un homme, de construire une machine "biologique" identique à un être humain, dans son apparence, et dotée d'une intelligence aussi -voire plus- performante . Mais aura-t-elle une âme? Qu'est-ce qui ferait que nous serions humains et que cette machine aussi ressemblante et aussi performante puisse-elle être, juste une machine?

On pourrait aussi se demander ce qui nous permettra de nous prétendre plus "humains" que nos propres créations?. Est-ce la faculté d'éprouver des sentiments? de pleurer, de rire? Est-ce la peur de mourir? Une âme peut être ?

Et si au décours du progrès technique, la machine se voyait dotée de cette fameuse empathie là? Parviendront nous à créer un "humain"? Mais alors à ce moment là aurions-nous supplanté Dieu ou juste réussi à perdre notre précieuse humanité en l'insufflant dans une "chose"...

Tout au long du roman jusqu'à la dernière ligne, Dick vous fera douter de votre propre humanité, est-elle réelle ou seulement une pâle imitation, un "ersatz" d'humanité. Toujours aussi déroutant, ce n'est qu'à la deuxième lecture du livre que l'on arrive à se sentir un peu plus à son aise dans cet univers qui risque de rebuter les moins rodés. K.Dick n'a jamais fait dans la simplicité cela au moins personne ne pourra le lui reprocher



L'adaptation au cinéma par Ridley Scott -ce réalisateur de génie-, n'est pas très fidèle au texte orginal. Le scénariste a pris beaucoup de liberté avec la trame de l'histoire et l'a remâchée pour la présenter au public sous un visage plus accessible qu'elle ne l'était initialement. Par exemple, la réformation des androïdes n’a d’autre but pour le héros, que d’obtenir les primes pour se payer un mouton qui remplacerait celui qu'il a sur le toit de son immeuble mais qui est malheureusement électrique, sa première bête affectueusement baptisée "Groucho" ayant péri à la suite d'une vilaine écorchure au fil de fer...
L'orgue d'humeur et la boite à empathie avec son bonhomme et sa pente à caillou ont été totalement dézingués du script.
Trop de raccourcis dans le scénario ont fini par dénaturer la pensée Dickienne ! La chute finale totalement bouleversée. Ils ont même osé faire douter de l'humanité du Blade Runner à la fin du film par un vilain gros plan centré sur ces gros yeux de Harrison Ford totalement désemparé

Au tout début du film j'avais réellement du mal à me laisser aller ayant lu le livre en premier et m'étant longtemps refusée à voir le film pensant -à raison- que l'adaptation ne pourrait égaler le roman. Cependant, en essayant de regarder la version cinématographique d'un œil vierge, j'ai fini par me faire piéger par l'ambiance visuelle et sonore




Ville crasseuse, sombre et parapluies de circonstance (anti-retombées radioactives?)





Le clou, la scène cultissime là où Roy Batty prononce mélancoliquement ces paroles connues de tout mordu de SF qui se respecte :








« I’ve seen things you people wouldn’t believe.
Attack ships on fire off the shoulder of Orion.
I watched C-beams glitter in the dark near the Tannhauser gate.
All those moments will be lost in time.
Like tears in rain.
Time to die. »

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